vendredi 28 juin 2013

Les mots


Les mots.

Ai-je vraiment conscience que je suis responsable des mots qui sortent de ma bouche et que ces mots peuvent faire beaucoup de bien ou beaucoup de mal? Ce que je dis n'est pas anodin et je ne peux me retrancher derrière:" Je suis vrai, je suis entier..." pour justifier ces mots qui "cassent" l'autre, le découragent, le négativisent, lui font perdre sa confiance en lui.

Je ne suis pas responsable de ce que l'autre fera des mots que j'utilise, mais je suis responsable du choix de mes mots, de ma façon de les dire, de l'inflexion de ma voix, des gestes qui l'accompagnent et de tout ce que le non-verbal exprime de ma pensée. Les enfants sont d'ailleurs aussi sensibles, voire plus sensibles, au non-verbal qu'aux mots eux-mêmes. C'est pourquoi si je dis oui et que mon corps dit non, et vice-versa, c'est d'abord ce que mon corps dira que l'enfant ressentira. Il est donc très important que je m'unifie intérieurement pour que les mots que je vais prononcer expriment bien ma pensée, que mon intonation et mes gestes soient en harmonie avec mes paroles.

Cela, c'est ma responsabilité et implique un travail quotidien sur moi-même. Que de mots laids! [...] Je suis donc responsable des mots que j'utilise. Ce n'est pas rien que de dramatiser une situation par des mots exagérés, du type: "C'est impossible, C'est catastrophique, On n'y arrivera jamais, Je suis complètement perdu..."Ce n'est pas rien que d'utiliser des mots qui accusent, du type "Tu es..." ou "C'est un..." suivi de termes très péjoratifs, comme si cette personne n'était que ça, comme si je lui disais la vérité sur elle-même, une "vérité" bien difficile à accepter quand elle est totalement négative.

Pour qui est-ce que je me prends, moi qui par ailleurs me dévalorise si souvent, pour me permettre des mots qui tuent, des mots qui harcèlent, des mots qui dévalorisent, des mots qui nient l'identité d'enfant de Dieu de l'autre? [...] Quand je te parle, je vais essayer d'exprimer simplement et clairement ma pensée, tout en sachant que je ne détiens pas la vérité. Je vais apprendre à retirer de mon vocabulaire les mots nocifs, nauséabonds, péjoratifs et à les remplacer petit à petit par des mots qui relèvent, qui font du bien, qui embellissent. Ceci est un apprentissage quotidien et demande une vraie décision de vie.

Les mots qui sortent de ma bouche doivent traduire ma pensée ou mes sentiments, mais la forme que je leur donne peut en faire des fleurs, des oiseaux qui chantent ou, au contraire, des scorpions ou autres animaux pas toujours très sympathiques.

Mon travail quotidien consiste à réformer mon vocabulaire et ma façon de dire les choses.[...]

(Yves Boulvin: Revue Feu et lumière, juillet-août 2010, p. 46-47).

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